Le père ORHAND fut recteur de Nivillac et décoré de la médaille entant qu'aumonier de guerre durant la guerre de 1870.


Joseph-Marie ORHAND est né à Carentoir le 29 septembre 1834.

 

Il fit le petit séminaire de Sainte-Anne d'Auray avec l'Abbé Jaffray qui deviendra par la suite député. 

Lors d'une visite de Napoléon III, C'est lui qui rédigea l'Ode en l'Honneur du souverain. 

L'empereur ravi, voulu lui décerner une récompense honorique, mais malgré l'institance de l'Auguste visiteur, le jeune prètre refusa de se faire conaitre.

 

Quelques temps après l'ancien pèlerin de Sainte-Anne, se voit opposé une vigoureuse protestation, sur l'initiative de l'Abbé JAFFRAY. A la suite de cet incident, le corps enseignant du petit séminaire, dont le père ORHAND faisait parti, fut dispersé. C'est à ce moment, Le 19 décembre 1863, le jeune professeur fut  nommé vicaire dans l'importante paroisse de Nivillac.

Diplomé d'une licence en lettre durant son séminaire, c'est vicaire qu'il fut reçu docteur avec la mention "Très Bien". il rédigea alors 2 thèses : "les rapports du beau et de la poésie avec le vrai"  et "doctrina stoicorum in opere pharsalico".

 

Il fut l'auteur d'un poème publié le 22 décembre 1865 dans le Journal de Rennes :

 

LE JOUR ET LA NUIT

 

I.

 

Combien mon âme est trise en voyant les chemins,

Par lesquels nous marchons, couverts de fange et d'ombre !

Ombre dans les esprits où des erreurs sans nombre

Ont pris place, éteignant tous les rayons divins

Et fange dans les coeurs doù les beaucx séraphins

Chastes et fiers, se sont enfuis le regard sombre !

 

Ténèbres de la nuit, ténèbres de l'erreur,

C'est là ma double haine et ma double épouvante!

Bon Dieu fit la nuit noire, était-il en fureur ?

La lune aux blancs rayons et l'étoile charmante, 

S'allumant dans la nuit, tempèrent son horreur :

Alors et pas avant je vois que Dieu s'en vante. 

 

Il savait que la nuit cacherait dans ses flancs 

Les infâmes plaisirs et les forfaits sanglants,

 Panthères à l'oeil fauve et vénimeux reptiles !

Dans la nuit la vertu s'avance à pas tremblants

Et de l'iniquité les pieds seules sont àgilles :

Aussi la voyez-vous maudite aux évangiles!

 

Et quant aux derniers jours la justice aura lieu

Complice des démons et vêtements du crime,

La nuit coupable ira dans l'éternel abîme,

Elle aura ses flancs noirs brûlés dans sombre feu,

Instrument de supplice et néanmoins victime

Pour elle point de place dans la maison de Dieu !

 

Non, je ne suis pas aimé la nuit !.. et plus j'y songe,

 Plus je sens dans mon cœur augmenter mes dégoûts ;

Elle est si ressemblante à la nuit du mensonge !

Quand sur nous de l'erreur l'obscurité s'allonge,

Oh ! les monstres hideux qui s'éveillent en nous !

 Ombre qui les gardez, de moi retirez-vous.

 

II.

 

Je suis chrétien ! je suis un fils de la lumière 

Dès que, petit enfant, j'entr'ouvris la paupière,

Obscur, on me plongea dans ses flot, et soudain

Je sortis éclatant et joyeux de ce bain,

Ouvrant à la clarté mon âme tout entière,

Et détournant les yeux de l'ombre avec dédain.

 

Je me nourris d'un pain lumineux qui rayonne,

Je bois un vin qui brille en un calice d'or ;

En moi ce pain fermente, en moi ce vin bouillonne,

Et la lumière en moi s'amasse, beau trésor

Qui dun reflet de pourpre et de neige environne

Mon coeur transfiguré comme sur un Thabor

 

Je vois sans m'étonner Dieu s'applaudir lui-même,

Sitôt que sa parole eut allumé le jour :

Que le jour était beau ! mais Dieu se trouva un blâme ;

Ce n'était pas assez d'éclat son amour,

Magnifique, éclatant comme un roi dans sa cour,

Le soleil apparut, rayonnement suprême !

 

S'élançant de la nuit ainsi que d'un tombeau,

Les belles fleurs des champs, les belles fleurs de l'âme,

Dans la clarté du jour, sous son regard de flamme

Ont un parfum plus vif, un coloris plus beau :

Mais, panthère et serpent, criminel et Bourreau,

Toutes laideur se cache ou devient plus infâme.

 

Pour avoir dénoncé le crime à nos mépris

Ou l'avoir fait s'enfuir honteux dans sa tanière,

Et pour avoir offert à nous regard surpris

De la belle vertu tout le lustre et le prix,

Le jour aura de l'ombre une insulte dernière

Et luira dans les cieux où tout sera lumière.

 

Combien j'aime le jour! Mon âme à sa clarté

Loin de la triste nuit joyeusement s'envole,

Là point d'hypocrisie et point de lacheté,

Ni sombre esprit, ni cœur souillé, rien qui désole ;

Mais la belle franchise et la belle fierté,

Les esprits droits, des cœurs vaillant ce qui console.

 

Survint la guerre, le Père Orhan se fit aumônier des mobiles breton, il les accompagna sur le champ de bataille et déploya dans l'accomplissement de son devoir une telle bravoure que le général de Sonis, au soir d'un combat, lui décerna la croix d'honneur. Le gouvernement de Gambetta ne voulut pas ratifié le geste du héros de Loigny. Ce fut seulement la médaille militaire que reçu officiellement le vaillant aumônier.

 

De retour en Bretagne il était bientôt nommé recteur de Nivillac. Mais alors il se sentit appeler par une vocation plus austère et plus haute. Avec le consentement de son évêque, il obéit à l'inspiration de Dieu. Son départ causa quelques surprises et sa persévérance fut mise en doute. On ne pouvait croire que ce prêtre de 40 ans, d'humeur indépendante et vive, supporterai le joug de la règle et l'épreuve du noviciat. Mais le père ORHAN victorieux de lui-même, au prix de quelles lutte intérieure et de quel héroïsme cacher, dieu le sait.

 

Rendu à l'enseignement au sortir du noviciat, le nouveau jésuite fut envoyé d'abord au collège Saint-Joseph de Reims, puis aux facultés catholique de Lille, ou bientôt il marqua parmi les professeurs les plus distinguées. Plusieurs années durant il donna des cours littéraires. 

 

Il décèda en 1906 au collège de Florennes en Belgique.

 

L'univers, Pierre Veuillot, 18 Novembre 1906

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